Le perfectionnisme est souvent perçu comme une qualité, un signe de rigueur et d’excellence. Mais que faire quand cette recherche de perfection devient une prison et nous enferme dans la peur, le jugement, l’auto sabotage et l’inaction ?
Cet article te propose de réfléchir à ce que signifie réellement être perfectionniste, aux effets négatifs que cela peut avoir, et surtout, te propose des pistes pour t’aider à t’en libérer afin de profiter de la vie plus sereinement.
Les origines du perfectionnisme
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le perfectionnisme n’est pas une qualité innée inscrite dans notre ADN. Bien qu’il puisse être influencé par certains traits de personnalité, comme la conscience et le neuroticisme, il est aussi largement façonné par notre environnement, notamment pendant l’enfance.
Très souvent, le perfectionnisme prend racine dans les attentes parentales. En effet, notre éducation joue un rôle fondamental dans le développement de ce trait de caractère. Les parents ou les figurent parentales, de manière plus ou moins consciente, inculquent à leurs enfants l’injonction du « sois parfaite ». Cela peut passer par des phrases explicites du type « tu peux mieux faire », « tu as eu 19 ? tu aurais pu avoir 20 ? », par l’absence d’encouragement ou par mimétisme. En grandissant, un enfant peut intérioriser l’exigence de ses parents et en faire son propre référentiel. Ce besoin de bien faire, initialement motivé par la volonté de plaire à ses parents, se transforme en une quête personnelle de perfection et fini par devenir une exigence interne. Une quête parfois inconsciente, qui nous pousse à croire que pour être aimés ou acceptés, nous devons être irréprochables, être parfait.
La perfection n’existe pas
Même si on utilise ce mot à tout-va, en vérité, il n’a pas réellement d’existence. Si l’on y réfléchit posément, on se rend vite compte que la perfection n’existe pas. Il n’y a pas de standard universel qui définit la perfection. Pas de définition commune. Aussi, ce qui est parfait pour moi, peut ne pas l’être pour toi (et vice et versa). C’est en ce sens que la perfection est un leurre. On cherche à se confronter à une idée de perfection qui nous est personnelle en espérant que cette vision corresponde à celle de notre interlocuteur, mais ce n’est pas forcément le cas. Ainsi, cette quête de perfection devient une chimère, une cible impossible à atteindre.
Intellectuellement on le conçoit, mais bien souvent, même en étant conscients de cela, il est difficile de l’accepter complètement, car cela remet en cause d’une certaine manière une partie de notre identité.
D’ailleurs, en tant que perfectionniste, on peut se convaincre que nos efforts sont pour les autres, que l’on veut simplement produire un travail de qualité. Mais en réalité, il y a souvent une dimension plus personnelle et égocentrique derrière ce besoin de perfection : c’est notre façon de nous protéger des critiques, des moqueries, ou des échecs.
Les effets négatifs du perfectionnisme
La procrastination
En voulant que tout soit parfait, il est facile de repousser sans cesse la finalisation d’un projet, attendant ce moment où tout sera « parfait ». Résultat ? Les délais sont souvent dépassés, et les projets stagnent, voire ne démarrent jamais.
Un stress et une anxiété latente
Le perfectionniste a tendance à se concentrer sur ce qui n’a pas été fait ou ce qui pourrait être amélioré, au lieu de célébrer ce qui a déjà été accompli. Cette insatisfaction constante peut devenir épuisante. On voit toujours le verre à moitié vide et non à moitié plein.
Une insatisfaction permanente
Chercher la perfection crée une pression énorme, conduisant à un stress chronique, des insomnies, voire même des burn-outs. Cette quête de perfection nous empêche de profiter de ce que l’on a déjà accompli et du moment présent. Elle nous pousse à être toujours dans le regret du passé ou dans la peur de l’avenir.
Une tendance à la comparaison et à la dévalorisation
Le perfectionniste a souvent tendance à se comparer aux autres, mais pas à ceux qui en sont au même point que lui. Il regarde toujours ceux qui semblent plus avancés, renforçant ainsi son sentiment d’inadéquation. Cela a bien entendu un impact sur l’estime de soi.

Comment lâcher le perfectionnisme ?
Alors, comment se détacher de cette quête irréaliste et se libérer du perfectionnisme ? Voici quelques pistes pour commencer ce cheminement :
Prendre conscience des effets négatifs
La première étape pour lâcher prise est de réaliser qu’il y a des effets négatifs sur ta vie. Demande-toi : « Comment serait ma vie si je n’étais pas perfectionniste ? Que pourrais-je faire de plus, de moins ou de différent ? » Cette prise de conscience permet de voir à quel point la recherche de la perfection peut être limitante car bien souvent cette quête de perfection nous pousse à ne pas agir, à rester dans notre zone de confort, à procrastiner pour des projets qui nous tiennent pourtant à cœur.
Accepter l'imperfection
Il est crucial de comprendre et d’accepter que l’imperfection fait partie de la vie. Au lieu de viser la perfection, concentre-toi sur l’accomplissement et l’amélioration continue. Il est bien plus bénéfique de faire les choses bien que de viser une perfection inatteignable. De plus il y a de la beauté dans l’imperfection. C’est ce qui donne son charme aux choses, aux personnes. C’est ce qui fait leur singularité. Si tu réfléchis bien, je suis sûre que tu as déjà été touchée par l’imperfection de quelqu’un. Son caractère authentique a permis de te toucher émotionnellement et c’est ça qui compte. L’imperfection est belle et elle fait ton humanité.
Célébrer ses succès
Apprendre à apprécier ses réussites, même les plus petites, est une autre clé pour lâcher le perfectionnisme. Réfléchis à ce que tu as accompli et permets-toi de te féliciter pour le chemin parcouru. Cela t’aidera à te concentrer sur le positif plutôt que de toujours voir ce qui manque. Tu peux noter dans un carnet tout ce que tu as accompli et relire tes exploits de temps en temps. Je t’encourage également à te récompenser pour bien ancrer la fierté et la réussite, ce qui va booster ta confiance en toi.
Se concentrer sur le processus, pas seulement sur le résultat
Le perfectionnisme nous pousse souvent à ne voir que le résultat final. Pourtant, le chemin que l’on emprunte pour y arriver est tout aussi important (voire plus). En te concentrant sur le processus, tu apprécieras davantage chaque étape et réduiras la pression liée à l’atteinte du résultat parfait. Alors apprends à te fixer plus d’objectifs de moyens et moins d’objectifs de résultat.
Fais vaut mieux que parfait
Si le perfectionnisme peut sembler, au premier abord, être une qualité, en réalité, il s’avère souvent être un fardeau. Une barrière qui nous empêche de profiter pleinement de la vie et d’aller chercher nos rêves. Ce perfectionniste a tendance à nous pousser à l’inaction, mais aussi à limiter notre bien-être, car on ne sera jamais pleinement satisfait. On aura toujours l’impression que l’on aurait pu faire mieux. Avec ce mode de penser, on place la barre si haute qu’on ne peut jamais l’atteindre et on est perpétuellement déçu de nous. Quel coup pour l’estime de soi !
Lâcher le perfectionnisme, c’est accepter que l’on n’a pas besoin d’être parfait pour être heureux, ni pour être aimée. C’est faire preuve de bienveillance envers soi-même et apprendre à apprécier chaque étape de son parcours. Alors, plutôt que de viser la perfection, pourquoi ne pas commencer par faire de son mieux, avec son cœur et d’apprécier le chemin parcouru ?